mercredi 24 septembre 2014

"Comment (bien)..."


Comment (bien) rater ses vacances, Anne Percin, 
éd. du Rouergue, dés 15 ans.



Suivre un ado nommé Maxime Mainard de ses 17 à ses 18 ans, à travers 3 volumes, ça vous dit? Bon, dit comme ça, "ouai, bof, j'ai le même à la maison" ou "ouai bof, j'suis en plein dedans"! Non, mais, je vous assure, ça aide à relativiser. Parce qu'il n'y a pas que le votre qui se met dans des situations pas-possibles-qu'on-dirait-que-tu-l'fais-exprès et il n'y a pas que toi qui te mets dans des situations que-c'est-trop-la-tehon-devant-mes-potes. Maxime c'est un peu de l'huile essentielle de l'ado, c'est de l'ado au carré, un concentré de tout ce qu'on a pu vivre de pire durant cette période.
Anne Percin, l'adolescence, elle connaît, elle la côtoie tous les jours dans son boulot d'enseignante, elle en connait le langage et les codes d'aujourd'hui.  En tant qu'enseignante, elle a à cœur d'élargir l'horizon de son lecteur, de lui faire découvrir des univers mais elle sait aussi que le bourrage de crâne est sans effet sur l'ado si ce n'est l’anesthésie et que la seule thérapie possible est la thérapie par le rire.
Pour cela, elle a son arme secrète. Le ton. Car Anne Percin, avant tout, c'est un tonalité bien spécifique. Une écriture énergique. Des métaphores détournées, des images inédites, des bons mots, un ton pince sans rire, des références culturelles distillées sans jamais être indigestes, quelques pincées de gouaille adolescente et des dialogues de génie aux réparties qui font rêver.
Anne Percin, elle ne dit pas "un ange passe", elle dit: "Un gros ange dodu est passé dans la pièce en faisant flap flap, me contemplant d'un œil ébaubi, avant de manger le mur du fond". Et là, au lieu d'une expression élimée et bien, pour le coup, on le voit l'ange et le silence pesant qui va avec et en plus ça nous fait sourire.
Tout cela au service de personnages formidables et inoubliables: Kevin le meilleur pote, Christian alias tonton déprimos, Julius le bassiste haut en couleur (c'est rien de le dire!), Mamie Lisette... Mamie Lisette, un peu la grand-mère de Sophie Marceau dans La boum:
"Elle a profité de mon handicap pour me contraindre à m'asseoir dans sa cuisine, face à une brioche appétissante.
- Une brioche maison! me suis-je extasié. C'est pour moi que tu t'es donné tout ce mal? Fallait pas!
- Je sais. C'est pour ça que je l'ai achetée chez Picard."
Et le tout dans un enchaînement de situations tout à la fois crédibles et délirantes, bref, l'adolescence quoi!
Encore un élément d'écriture que j'ai trouvé intéressant ce sont les notes en bas de page qui ne sont ni de l'auteur, ni de l'éditeur mais du personnage lui-même. Cela permet de rendre Max plus intime et les références culturelles amusantes et non pédantes.
Aucun uniforme en vue sur le quai. Rien n'était donc perdu, "fors l'honneur", comme disait l'autre.*
* Vous, la prof d'histoire, arrêtez de soufflez aux autres! O.K., c'était Francois Ier, mais vous n'étiez pas obligée de le dire.

Voici donc une trilogie à ne pas manquer qui a élargi mon univers musicale et m'aura fait rire aux larmes (non, mais vraiment, inondée et irrécupérable, limite crise de nerfs). Une trilogie optimiste.



Comment (bien) gérer sa love story (2ème épisode)



Comment devenir une rock star (ou pas) (3ème épisode).