Broken soup, Jenny Valentine
& Marie-Claude Mapaula (traduc),
éd. L'école des loisirs, coll. Medium, dés 15 ans.
Non, la vie n'est pas juste. Mon frère Jack n'aurait pas dû mourir. Pas à 16 ans. Pas comme ça. Papa n'aurait pas dû partir "prendre ses distances". Maman n'aurais pas dû oublié comment vivre ni qu'elle avait encore deux enfants à chérir. J'aurais dû penser aux choses de mon âge, de mes quatorze ans, au lieu de veiller à ce qu'il y ait de quoi manger dans le frigo, à ce que ma petite sœur Stroma déjeune, s'habille, arrive à l'heure à l'école, fasse ses devoirs, soupe, prenne son bain et s'endorme paisiblement. Alors quand ce jeune homme m’interpelle devant la caisse du magasin pour me dire que j'ai perdu ce négatif photo et me le rende de force alors que ce n'est pas le mien, franchement... j'ai autre chose à penser. Et puis, quand cette fille à l'école qui est plus âgée que moi (tiens, elle aurait été dans la même classe que Jack) me demande ce qu'il y avait sur la photo et me propose de l'accompagner chez elle pour la tirer, je dis oui, pourquoi pas...
Oui, pourquoi pas... sauf que qu'il y a sur la photo va bouleverser la vie de Rowan. Toutes les questions que cette image va susciter, vont la pousser à mener son enquête et à tisser des liens, à se confier et à nouer des amitiés pour essayer de comprendre. A se délester quelque peu du poids énorme qu'elle s'est mis sur les épaules: celui d'être le parent de son parent, de combler coûte que coûte les failles de l'anormalité familiale et d'entretenir une façade pour que personne, même pas son père, ne puisse deviner la détresse dans laquelle elle vit.
Un roman sensible sur les chemins de traverse que peut prendre la Vie pour remettre une famille anéantie sur les rails. De l'enrichir même alors qu'elle semblait en déroute, condamnée. Rowan va sentir ses bases s'effondrer, se sentir couler, se sentir trahie, va devoir enfin lâcher prise et se laisser prendre en charge comme l'enfant qu'elle a oublier d'être, et puis pardonner. "Il est, paraît-il, des terres brûlées donnant plus de blé qu'un meilleur avril"...